Numéro 5 DE VIGIL'ANSES
Editorial
L’appel à candidature d’experts pour la constitution du groupe de travail (GT) « Vigilance des toxines naturelles », que l’Anses installera à l’automne, vient de se clore. Après le GT « Vigilance des produits chimiques » et le GT « Toxicovigilance des produits réglementés », ce troisième GT de l’Anses dédié aux vigilances, travaillera sur les intoxications liées aux toxines présentes dans les plantes, les champignons ou encore dans les animaux (insectes, serpents, méduses etc.). En effet, de nombreux dangers pour la santé sont présents dans notre environnement naturel, comme en témoignent chaque année les intoxications par des champignons ou les morsures de serpents que Vigil’Anses a présenté dans ses précédents numéros.
Dans ce cinquième numéro, trois sujets relèvent de ce thème.
Le premier porte sur un ingrédient bien connu des confectionneurs de confitures : l’amande amère de noyaux d’abricot. Si une amande ajoutée pour parfumer plusieurs pots de confiture ne pose aucun problème, leur consommation en grande quantité, le plus souvent en raison d’allégations non scientifiquement démontrées de propriétés anticancéreuses, expose à un risque d’intoxication au cyanure. Les cas d’intoxication recensés par les Centres antipoison (CAP) présentés dans cet article en témoignent.
Avec la mode récente des aquariums d’eau de mer s’est développé le commerce de coraux vivants, notamment à visée décorative (photo de couverture). Or certains d’entre eux sont capables de rejeter en cas de stress une toxine très puissante, la palytoxine. Ainsi, lors de la manipulation ou du nettoyage du corail, un aérosol de palytoxine peut atteindre les yeux, les voies respiratoires ou la peau du manipulateur et causer des lésions parfois sévères. Le second article présente les cas d’intoxications à ces coraux rapportés aux CAP, ainsi que les mesures de précaution à prendre lors de leur manipulation.
Le Datura, plante sauvage aux conditions de pousse peu exigeantes est présente sur tout le territoire français, dans les champs, terrains vagues, décombres, mais aussi en plein centre-ville. Ses feuilles, fleurs et graines de ses fruits contiennent des substances aux propriétés hallucinogènes, régulièrement responsables d’intoxication, comme le présente un troisième article. Suite à une alerte des CAP, la Direction générale de la santé (DGS) a recommandé aux collectivités territoriales d’arracher les plants de Datura au début de l’été dans les zones fréquentées par les jeunes publics.
Les intoxications aux produits ménagers touchent les enfants en bas âge, quand ils commencent à se déplacer seuls et à attraper ce qui est à leur portée. La commercialisation des dosettes individuelles de lessive liquide a entraîné une épidémie d’intoxications de jeunes enfants, qui en les portant à la bouche ou en les perçant, ont été exposés à des projections de lessive. Un article de ce numéro décrit la façon dont la surveillance des cas d’intoxication par les CAP et l’Anses a permis d’identifier ce phénomène et de montrer l’impact des mesures de prévention prises par les industriels de la lessive.
Le dernier article de ce numéro présente une étude de recherche biomédicale très innovante, menée par l’Anses, dont l’objectif est d’établir un lien potentiel entre des dermatites de contact liées au port d’un textile ou de chaussures et certaines substances chimiques présentes dans l’article d’habillement. En effet, si le dimethylfumarate (DMFu) a fait parler de lui dès 2008, au point d’être interdit pour les articles en contact avec la peau dans l’Union européenne, des cas de dermatites allergiques aux textiles et articles chaussants continuent à survenir. Cette étude, toujours en cours, a d’ores et déjà permis d’identifier d’autres substances coupables…
Enfin, dans la rubrique actualité, vous pourrez lire ou relire le point d’actualité publié par l’Anses en avril 2018 concernant les risques liés à la consommation de compléments alimentaires à base de mélatonine.
Juliette BLOCH, rédactrice en chef de Vigil’Anses